In memoriam

Jean-Marie Cabelguen

Professeur Jean-Marie Cabelguen nous a quitté le 30 janvier 2018 à la suite d’un cancer. Chercheur et enseignant en neurophysiologie, il a fortement contribué à une meilleure compréhension des réseaux de neurones locomoteurs chez les animaux vertébrés. Chaleureux et passionné, il a beaucoup été apprécié par la communauté scientifique. Cette page lui est dédiée, et a comme but de réunir les pensées de collègues et amis qui aimeraient les partager. Envoyez vos messages (courts ou longs, dans votre langue de préférence) à l’adresse , et elles seront copiées ici. Merci.

Professor Jean-Marie Cabelguen passed away on January 30, 2018 after battling cancer. As a researcher and lecturer in neurophysiology, he made profound contributions towards understanding the neural circuits underlying locomotion in vertebrate animals. A warm and passionate person, Jean-Marie was greatly appreciated by the scientific community to which he belonged. This page is to allow his colleagues and friends to share some thoughts and memories about him. Please write your messages (short or long, in any language) as an email to , and they will be posted here. Thank you.

I met Jean-Marie many years ago, while I was collaborating with Frederic Nagy in Bordeaux. We immediately became friends. I enjoyed the interaction with Jean-Marie very much. Over the years we developed a collaboration and as a consequence Jean-Marie was in Montevideo a couple of times. Here in the Southern part of the world, we had fun doing experiments, eating beef (he was a voracious beef eater) and drinking wine. Jean-Marie was a well-recognized scientist in his field and still had a very humble attitude, always ready to help. I particularly enjoyed his kindness and fine sense of humor. I’ll remember him with his frank smile and his passion to discuss science and matters of life. Sure we are all going to miss him a lot.

Raúl E. Russo, Montevideo, Uruguay


I have very nice memories of our period of collaboration with Jean-Marie during the European project LAMPETRA. It was a privilege knowing him and working with such a distinguished scientist and truly exquisite person like Jean-Marie.

Paolo Dario, Pisa


Avec l’arrivée de Jean-Marie au Laboratoire Buser à l’Université Paris 6, l’équipe “Locomotion” s’était constituée tout naturellement sur mon thème de recherche. Malgré sa formation de physicien, il a abordé avec beaucoup de facilité le domaine de la biologie.. Nous avons très vite obtenu les résultats essentiels concernant l’activité nerveuse locomotrice chez le chat et Jean-Marie a ainsi débuté ses recherches au niveau international en particulier avec le laboratoire de Serge Rossignol (avec lequel il a été l’un des premiers à utiliser la messagerie électronique de l’Université).

Pendant plus de dix ans, avec les étudiants en stage (J.-M. Millanvoye, M. Zattara, ...), puis avec D. Orsal et D. Brusciano, j’ai pu, en grande partie grâce à Jean-Marie, bénéficier d’une ambiance particulièrement agréable : pauses de fin d’après-midi à l’atelier d’électronique, week-end méchoui à la campagne, ... J’ai apprécié sa disponibilité, son intérêt pour les personnes de son entourage, sa discrétion et son objectivité. Toutes ces qualités lui ont permis en particulier de devenir un membre efficace du Conseil National des Universités. J’ai tout autant aimé son anticonformisme de célibataire amateur de free jazz et de grands voyages inconfortables. Enfin, j’ai été particulièrement sensible au fait d’avoir été choisi comme témoin à son mariage avec Marie-Françoise.

La tristesse de la disparition de Jean-Marie fait suite à celle que j’ai éprouvée depuis presque trente ans, lorsque les circonstances de la vie universitaire ont mis fin à notre équipe de recherche et créé un éloignement qui n’a été interrompu que très rarement sans mettre fin à notre amitié.

Claude Perret


Jean-Marie et moi avons fait nos premières armes ensemble dans le Laboratoire de Neurophysiologie Comparée dirigée par le Professeur Pierre Buser, situé sur le quai Saint Bernard, fief de l’Université Pierre et Marie Curie. Au début dans deux équipes différentes, mais travaillant dans le même domaine, très vite nous nous sommes rapprochés, attiré que j’étais par sa rigueur scientifique déjà affirmée et par l’ingéniosité des dispositifs qu’il était capable d’inventer pour mener à bien son expérimentation de l’époque. Expérimentation qui devait aboutir à une Thèse d’Etat. Il s’agissait alors d’étudier les propriétés et les adaptations de la sensibilité des fuseaux neuromusculaires pendant le cycle locomoteur.

Le premier sujet que nous avons développé à trois avec Claude Perret, fût celui de la locomotion fictive, l’organisation du cycle locomoteur fictif, celui du membre antérieur, et celle des coordinations entre les membres, toujours pendant la marche fictive. La question de base était : Comment est organisée la sortie motrice vers les motoneurones pendant la locomotion quand le retour sensoriel afférent n’est pas rythmiquement modulé par le mouvement de marche ? Nous montrions ainsi que le programme moteur était programmé centralement, ce qui corroborait l’existence d’un hypothétique Générateur Central de Marche.

Ces thématiques ont conduit Jean-Marie à développer deux collaborations qui ont eu le succès que l’on connaît. Avec Paul Bessou et son groupe toulousain d’abords pour parfaire notre connaissance du fuseau neuromusculaire et son activité pendant la marche. Et ensuite, avec le groupe de Serge Rossignol à Montréal, et en particulier avec Jean Pierre Gossard et Réjean Dubuc pour montrer que les retours sensoriels étaient filtrés dès leur entrée dans la moelle épinière d’une part et pour développer l’étude de la lamproie locomotrice d’autre part. Cette collaboration avec le groupe de Montréal aura été une idée de génie puisqu’elle aura servi, entre multiples autres choses, à établir des liens amicaux et scientifiques pérennes entre nos deux groupes, et bien au-delà, puisque depuis lors, on ne compte plus les collaborations entre équipes françaises et québécoises comme en témoigne le nombre impressionnant des échanges de post-doctorants.

Au début des années 90, nous fondions sous l’impulsion de Léna Jami et quelques collèges venus du Collège de France un nouveau laboratoire. Au même moment, Alain Privat montrait qu’il était possible de greffer des neurones embryonnaires du Raphé ou du Locus Coeruleus dans la moelle épinière de rats qui était envisagé comme le meilleur milieu de culture pour des cellules nerveuses. La moelle épinière avait été sectionnée quelques semaines au paravent pour préparer ce milieu de culture bio et que, notamment, les fibres nerveuses monoaminergiques descendantes intrinsèques aient eu le temps de disparaître. La présence de terminaisons monoaminergiques dans la moelle épinière greffée ne pouvait alors s’expliquer que par une pousse des axones des cellules greffées ou par la stimulation d’une néogénèse de nouveau neurones monoaminergiques. C’est grâce à Bernard Bussel, à l’époque directeur du service de Rééducation Neurologique de l’Hôpital de Garches que nous avons pu approcher ces animaux et constater qu’ils récupéraient une activité de marche parfaitement organisée des membres postérieurs. C’est donc sur cette thématique, qui resta la mienne jusqu’au moment de ma retraite, que nous fondions notre nouvelle équipe dans notre nouveau laboratoire de la rue des Saints Pères.

Nous avons collaboré pendant 3 ou 4 ans sur ce thème, rue des Saints Pères. Car Jean-Marie réfléchissait depuis quelques années déjà au développement d’un nouveau modèle expérimental utilisant des batraciens. Il lui fallait un environnement technique et intellectuel plus adapté pour mener à bien ce nouveau projet. C’est à Arcachon puis à Bordeaux qu’il l’a trouvé. Je ne reviendrais pas sur cette période de sa vie qui est évoquée admirablement par les témoignages de ses collèges bordelais. Qu’il me soit juste permis de dire que ses études sur les urodèles ont eu un retentissement de premier ordre, à la hauteur des qualités scientifiques de leur géniteur.

De cette dernière période pendant laquelle les hasards de la carrière et les choix thématiques nous auront séparés, je garde le souvenir d’une amitié durable et d’une complicité dans les analyses de situation.

Alors, bien sûr, aujourd’hui Jean-Marie n’est plus. C’est notre sort à tous. Mais nous a-t-il vraiment quitté ? Je n’en suis pas sûr, car il nous laisse, à nous ses collègues scientifiques, des publications très solides qui feront que nous n’avons pas fini d’évoquer Jean-Marie pendant bien longtemps. Et il me plais de penser qu’il accède ainsi à une certaine forme d’éternité… Ce qui est une très bonne nouvelle !

Didier Orsal - PhD
Professeur Honoraire
Sorbonne Université


J’ai connu Jean-Marie Cabelguen il y a maintenant 18 ans lorsque jeune étudiant je me destinais à l’enseignement secondaire. J’avais été placé sur liste d’attente pour la préparation à l’Agrégation de l’université Bordeaux 1 et un soir d’août, Jean Marie m’a appelé pour m’annoncer que finalement j’étais accepté. Cette décision a peut-être changé mon destin… J’ai intégré la préparation et j’ai obtenu l’agrégation mais j’ai également été pris de passion pour la neurophysiologie grâce à Jean-Marie. C’est à ce moment-là également que j’ai muri ma volonté de poursuivre mes études. J’ai fait mon DEA et ma thèse dans l’équipe de Frédéric Nagy et j’ai passé ces années avec Jean Marie à proximité, il a convaincu mon futur directeur de thèse de me conserver.

Et puis, je suis parti faire un stage post doctoral et alors que je m’apprêtais à revenir avec un nouveau contrat de post doc dans mon laboratoire de thèse, il m’a envoyé cet email qui a une seconde fois modifié ma vie professionnelle. Ce message était simple : « Pascal, tu as vu le poste de maitres de conférences qui s’ouvre, tu devrais postuler… ». Non, je ne l’avais pas vu et oui j’ai postulé. J’ai obtenu le poste et je suis devenu collègue de Jean-Marie… Nous avons enseigné ensemble à la préparation à l’agrégation et lorsqu’il a pris sa retraite il m’a gentiment donné de très nombreux documents de cours que j’utilise encore pour mes leçons.

Jean-Marie a toujours était bienveillant avec ses étudiants mais également très rigoureux et intransigeant pour que nous donnions le maximum, je ne l’en remercierai jamais assez. Il a jalonné mon parcours professionnel des 20 dernières années et à fait un peu ce que je suis aujourd’hui, il restera donc éternellement vivant dans ma mémoire.

Pascal Fossat
Maitre de conférences
Université de Bordeaux


J’ai rencontré Jean-Marie très vite après son arrivée à Bordeaux. Il avait intégré le laboratoire de neurobiologie de Maurice Moulins, situé à Arcachon, mais nous nous retrouvions autour de l’enseignement, dans les jurys, etc... Je l’appréciais, nous étions du même pays, et nous nous faisions une bise. Notre relation prit une autre dimension avec son intégration au Neurocentre Magendie.

Il venait me voir, impromptu, dans mon bureau. Nous parlions de travail, du temps qui va, du malaise dans la civilisation, du niveau des étudiants, du pays,... Ces échanges avaient un ton très particulier en raison de la personnalité de Jean-Marie. Il abordait tous les sujets d’une manière calme, ouverte, directe, lucide. Je veux dire que j’étais sous le charme de cette voix posée, de cette expression parfois dure par les analyses et en même temps distanciée. Il savait juger mais il y avait, à l’arrière plan, une certaine douceur. Nous avions tous deux, grâce à lui, atteint très souvent des inoubliables degrés de rapprochement. Parfois, il y avait de part et d’autre des silences et nous savions ce que l’autre pensait.

Cet homme n’était pas ordinaire : tout était qualités en lui, son intelligence, sa culture, ses capacités d’analyse, une certaine tendresse. Il fut un enseignant et un organisateur exceptionnel ; on sait peu, par exemple, que la formation à l’agrégation qu’il avait mise en place, propulsa Bordeaux en tête des universités provinciales. Sa recherche avait une facture désormais très rare, elle était riche de concepts.

Toute mémoire n’est que narration, reconstruction, transformation. Comme l’écrivait le poète (Butler).

“... Nous avions perdu jusqu’à la mémoire de notre rencontre.

Pourtant nous nous rejoindrons pour nous séparer et nous rejoindre encore.

Là où se rejoignent nos chers disparus, sur les lèvres des vivants...”.

Il m’a quitté et il est encore là.

Il me manque.

Michel Le Moal, Bordeaux, 16 février 2018


Jean-Marie et moi nous sommes rencontrés pour la première fois au début des années 90, à Arcachon dans le laboratoire de Maurice Moulins, dans la perspective d’une possible migration de Jean-Marie dans le sud-ouest. Il donna un excellent séminaire puis discuta individuellement avec les chercheurs. Les aspects administratifs et pratiques rapidement survolés, nous eûmes une longue et passionnante discussion scientifique, qui dévoila immédiatement les qualités professionnelles et humaines de Jean-Marie que, dans le futur, j’allais apprécier quotidiennement : enthousiasme, curiosité, culture neuroscientifique étendue, sens de l’écoute, pertinence et rapidité d’analyse, et cela simplement, sans arrogance, en pratiquant au besoin l’humour au second degré. Des contacts épisodiques ultérieurs associant aussi Gwendal LeMasson, nous amenèrent tous les trois à élaborer un projet qui se concrétisa en 1999 par la création d’un laboratoire de l’INSERM dont j’assurai la direction avec le soutien constant de Jean-Marie. Durant les douze années qui suivirent nous fûmes compagnons d’aventure. J’eus l’occasion d’apprécier chaque jour (nos bureaux étant contigus) d’autres qualités de Jean-Marie qui se révéla être un travailleur acharné, avec une capacité remarquable à former des jeunes chercheurs, et à tisser des collaborations internationales fructueuses. Non seulement nos deux équipes étaient complémentaires, mais nous avions le plus souvent la même façon d’envisager les choses. On ne pouvait qu’apprécier sa rigueur scientifique, son goût de la recherche des mécanismes au delà de la phénoménologie, et son intégrité, ne livrant à la publication que des résultats « bétons ». Très imaginatif au plan scientifique, il savait cependant garder les pieds sur terre. Enfin il convient de mentionner ses qualités pédagogiques, et son implication importante dans l’enseignement non seulement à l’Université mais également dans la préparation à l’agrégation pour les enseignants du second degré. Jean-Marie aura travaillé avec passion jusqu’au bout. Il est parti trop tôt. Nous ne l’oublierons pas.

Frédéric Nagy, Bordeaux, 14 février 2018


Jean-Marie a marqué mes années d’études de doctorat lors de ses multiples visites à l’Université de Montréal. II combinait passion scientifique et humour avec une aisance hors du commun. Je me sens très privilégiée d’avoir eu la chance de le connaitre.

Marie-Claude Perreault, Atlanta, 13 février 2018


La première fois où j’ai vraiment rencontré et discuté avec Jean-Marie c’était lors d’une « soirée équipe » organisée chez Marie-Françoise et Jean-Marie pour le départ d’une collègue, Stéphanie. J’étais déjà impressionnée par sa culture et la passion qui émanait de lui lorsqu’il racontait des anecdotes. A cette époque, je travaillais dans la même équipe que Marie-Françoise. Un an plus tard, le labo où je travaillais n’avait plus de financement pour me garder et Jean-Marie avait justement un contrat à proposer. Je suis donc montée de 2 étages, j’ai complètement changé de modèle animal et surtout j’ai découvert le monde de la locomotion et de l’électrophysiologie. Jean-Marie m’a tout appris dans ce domaine. Il était insatiable, avec toujours de nouvelles idées de manips à réaliser. J’étais fascinée par sa passion pour la recherche. Combien de fin de manips où le labo était vide et il ne restait que nous à regarder les fichiers d’enregistrements défiler mais surtout je l’écouter me raconter ses souvenirs de manips, de congrès, me parler de sujets divers. Grâce au contrat européen sur lequel nous travaillions, nous avons beaucoup voyagé, j’ai participé à beaucoup de congrès avec lui, tous plus enrichissants les uns que les autres tant sur le plan scientifique qu’humain. Enfin Jean-Marie m’a permis de faire mon doctorat et m’a énormément soutenue dans cette période jalonnée de moments douloureux. Tous ces moments, toutes ces conversations m’ont enrichie. Je pourrai écrire encore et encore pour témoigner de mon estime la plus profonde pour Jean-Marie mais je veux surtout le remercier d’avoir été là et d’avoir fait partie de ma vie. Votre regard bleu plein de malice et votre sourire vont énormément me manquer.

Vanessa Charrier, Bordeaux, 13 février 2018


Mes premières rencontres avec Jean-Marie remontent au milieu des années ’80, à l’époque de ses visites au laboratoire de Serge Rossignol; l’époque aussi des expériences qui duraient toute la nuit et où à un moment donné ou un autre l’on se met à chercher dans les longs corridors déserts une autre âme vivante. Jean-Marie était toujours là, souriant, l’œil pétillant et le regard malicieux, toujours prêt à aider, toujours prêt à faire de l’esprit. Bien que nous n’ayons jamais vraiment travaillé ensemble, nos intérêts et notre amitié nous ont amené à nous revoir souvent. Jean-Marie nous laisse un extraordinaire héritage scientifique, dont le formidable Dimitri avec qui j’ai eu la chance de travailler quelques temps, mais c’est certainement de sa vivacité d’esprit, de la finesse de son humour, de son intelligence, de son grand cœur et de sa générosité que je me souviendrais le plus.

Toutes mes pensées vont à sa famille pour cette immense perte.

Arlette Kolta, 12 février 2018


To Jean-Marie’s family and friends

We first met in 2005 when I arrived in Bordeaux as a freshly appointed professor of Neuroscience. Jean-Marie was Head of the Master of Neuroscience, a program that he had launched a few years before and had managed with success since then. I was designed as his deputy manager. He was Bordeaux 1, I was Bordeaux Segalen, but we went along very well.

It was actually very easy to work with Jean-Marie: he was friendly, careful about the students and his colleagues, serious, rigorous, pragmatic and helpful. He knew what he wanted or not though, and could be strong minded when bureaucracy was going against the interests of teaching. He taught me all what was needed to know to recruit students, organize teaching, plan time tables, rule traineeships, supervise juries… and go through the already complex arcana of the Administration.

Jean-Marie was naturally open-minded and had a close eye of the Engineering School curricula followed by his daughter and son. So he let me do whatever I had in mind about internationalization of the Neuroscience Master program, small and flipped classes, teaching in English… at a time when these words were not fashionable yet and rose desperate anguish from some of the hierarchy. Jean-Marie was there, helpful, supportive, giving me sound pieces of advice about how to still go on. And things worked out despite the adversity. We kept this friendly and productive relation all over the following years, until he decided to spend more time on his science. We were then all duly impressed by how he turned his energy in his new projects, at an age when others have already adopted a slower step.

With Jacques Micheau, my new partner for the Master, we were careful to keep Jean-Marie in the loop, he had his seat at the Board of Education and we always asked for his opinion when critical decisions were at stake. When he retired, we kept on giving him the latest news on the program and people around. Then and again, he was still fully aware of the issues and his great sense of humor was more than often healing our worries. As Jacques once wrote, Jean-Marie was the kind of University Professor who keeps together knowledge, wisdom, humility, humanity and a real sense of politics (useful for the community, not for his own interests) and of the social mission of Universities.

Now, more than before, I realize how happy and lucky I was to work with Jean-Marie over all these years and I miss him.

Daniel Voisin, Bordeaux, February 7th, 2018


Jean-Marie est à l’origine de mon parcours professionnel dans le domaine du contrôle locomoteur.

Jean-Marie était mon superviseur de doctorat entre 2005 et 2008. C’est dans son laboratoire que j’ai été initié aux passionnants travaux de recherche concernant la locomotion animale. Nos études ont porté sur l’évolution de l’organisation des circuits locomoteurs lors de la transition évolutive de la locomotion aquatique à terrestre, en utilisant la salamandre comme modèle animal. Pendant ces années doctorat, j’ai appris à connaitre Jean-Marie, dont la vaste culture scientifique rendait les discussions très stimulantes. Une empreinte de sa culture se retrouve dans la diversité des titres des journaux dans lesquels il a publié ses études (Science, Journal of Neurophysiology, Biological Cybernetics, Journal of Comparative Neurology, Frontiers in Neurorobotics, etc…). Jean-Marie avait aussi une connaissance très approfondie des musiciens de jazz, et nous échangions régulièrement sur Sonny Rollins, John Coltrane ou Max Roach. Humainement, il était une personne très chaleureuse et avait un grand sens de l’humour.

C’est à travers Jean-Marie que j’ai rencontré plusieurs scientifiques qui ont joué un rôle important dans mon cheminement. Auke Jan Ijspeert, un roboticien avec lequel il partageait un vif intérêt pour les mécanismes nerveux permettant aux salamandres de passer de la marche à la nage. Nous avons publié avec Auke plusieurs études à ce sujet à travers une collaboration transatlantique que Jean-Marie dirigeait plus de 10 ans. C’est dans le laboratoire de Jean-Marie que j’ai rencontré son ami de longue date Réjean Dubuc, avec qui j’ai eu le plaisir de réaliser mon premier stage post-doctoral à l’Université de Montréal. C’est aussi dans le laboratoire de Jean-Marie que j’ai rencontré Arlette Kolta, une scientifique passionnante qui a dirigé mon second post-doctorat à l’Université de Montréal. Aujourd’hui, mes travaux sur le contrôle locomoteur chez la salamandre et la souris à l’Université de Sherbrooke sont dans la continuité des travaux de Jean-Marie. J’éprouve donc envers lui une profonde gratitude.

Dimitri Ryczko


It saddened me greatly to hear about Jean-Marie’s passing. It is not often that one meets a person like Jean-Marie, at the same time a wonderful human being, wise, encouraging and kind, and a great scientist. I am truly thankful for his influence on my early development as a young scientist and I feel fortunate to have known him.

Andrej Bicanski, London, 10.02.2018


I have known Jean-Marie, since he was a graduate student with Claude Perret, and have always enjoyed interacting with him. I have enjoyed his special twist to comments scientifically or just about the world with a restrained humoristic glint to them. Of course, our interaction within the Lampetra grant was especially enjoyable, not to speak of the Académie de la Lamproie in Sainte-Terre!

It is just not fair!

Best wishes,

Sten Grillner, Stockholm, 9.2.2018


Jean-Marie Cabelguen var en fantastisk forsker og i det som jeg kendte til ham personligt så var han et meget fint menneske. Ole Kiehn


Le Docteur Jean-Marie Cabelguen, professeur en Neurosciences de l’Université de Bordeaux depuis 1993, nous a quittés le 30 janvier 2018. Il est décédé à Bordeaux entouré de ses proches.

Jean-Marie a complété une Maîtrise en Physique (1969) et un PhD en Sciences Naturelles à l’Université de Paris (1983). Jean-Marie a eu une carrière de recherche très productive visant à caractériser les mécanismes nerveux qui contrôlent la locomotion. Dans le cadre de différents programmes d’échanges entre le Québec, le Canada et la France, Jean-Marie a effectué des stages de plusieurs mois à la fois en 1984, 1986, 1988 et 1993. D’abord dans le laboratoire de Serge Rossignol, Jean-Marie a travaillé avec Réjean Dubuc sur les décharges rythmiques antidromiques des racines dorsales pendant la locomotion fictive. Avec Jean-Pierre Gossard il a réussi à enregistrer de façon intra-axonale des fibres afférentes rythmiques permettant ainsi d’identifier le type de fibres (cutanées, proprioceptives) capables de décharger de façon rythmique pendant la locomotion fictive. Ce mécanisme de décharges suggère une importante contribution de l’inhibition présynaptique pendant la locomotion.

Par la suite, Jean Marie a été nommé professeur à l’Université de Bordeaux en 1993; il a alors démarré un programme de recherche sur les mécanismes de contrôle locomoteur chez la salamandre. Il a continué à collaborer avec Réjean Dubuc et a visité son laboratoire à plusieurs reprises jusqu’à tout récemment. Les interactions avec Jean-Marie ont été très productives comme en témoignent les nombreuses publications issues de ces collaborations et citées ci-bas.

Jean-Marie était aussi un ami très cher pour plusieurs d’entre-nous. Il croquait dans la vie avec beaucoup de ferveur. Son humour et sa joie de vivre étaient contagieux et resteront gravés dans nos cœurs pour toujours. Il nous manquera beaucoup.

Ses funérailles ont eu lieu à Bordeaux le 7 février 2018 à 11h30.

ARTICLES

CHAPITRES DE LIVRE

Serge Rossignol et Réjean Dubuc


It is with great sadness that I have learned that Jean-Marie passed away. I met Jean-Marie approximately 20 years ago and he rapidly became a close friend and collaborator. I learned so much from him both as a scientist and as a friend. He was incredibly knowledgeable about many topics, full of passion and enthusiasm. He was a role model for me, the perfect researcher, always curious to test new hypotheses and perform new experiments. It was always great fun to discuss with him, and we were so happy to get our paper published in Science in 2007. It is also thanks to Jean-Marie that I was introduced to the Lamprey brotherhood, with some very memorable festivities.

I feel very fortunate to have known him.

@Jean-Marie: Merci pour tout!
@Jean-Marie’s family: Je vous prie de recevoir mes très sincères condoléances. Je suis de tout coeur avec vous, et garderai un souvenir profond de Jean-Marie.

Auke Ijspeert, Lausanne, Switzerland, 5 February 2018